samedi 8 septembre 2012

Les emplois d'avenir



Qui va bénéficier des emplois d'avenir ?

Durée, cible, secteur d'activité, financement... Les contours des emplois d'avenir se dessinent (ouverture au privé) . Reste encore à trouver les secteurs porteurs d'emploi... Explications

Reproduit de l'article de Anne Bariet avec Sébastien Pommier pour LEntreprise.com, publié le , mis à jour le
Les emplois d'avenir pourront être des CDI ou des CDD. Ils seront destinés aux jeunes de 16 à 25 ans, peu qualifiés, des quartiers en difficulté ou des zones rurales enclavées.
Les emplois d'avenir pourront être des CDI ou des CDD. Ils seront destinés aux jeunes de 16 à 25 ans, peu qualifiés, des quartiers en difficulté ou des zones rurales enclavées.
ADIVE


Pour endiguer la hausse constante du chômage depuis 15 mois, le gouvernement entend entrer dans la phase active. Promesse de campagne, les emplois d'avenir seront présentés le 29 août en Conseil des ministres. Un projet qui "sera mis à l'ordre du jour dès la fin septembre à l'Assemblée nationale" pour "créer tout de suite un nouveau contrat de travail pour les jeunes", a déclaré M. Ayrault sur BFMTV-RMC ce 22 août.

Ces emplois aidés, subventionnés de 1 à 3 ans par l'Etat à hauteur de 75% environ, s'adresseront "pour l'essentiel au secteur public, et en tout cas non marchand, notamment les associations ou les sociétés mutualistes" mais aussi "à la marge" au secteur privé. "On va faire une expérimentation dans le secteur privé, à la marge, pour les secteurs de services aux personnes", a-t-il précisé. Ces emplois, qui pourront être des CDI ou des CDD, seront destinés aux jeunes de 16 à 25 ans, peu qualifiés, des quartiers en difficulté ou des zones rurales enclavées.

Ceux là même qui quittent le système sans qualification (120 000 actuellement). Calqués sur les emplois-jeunes mis en place par Martine Aubry, en 1997, ces contarts doivent répondre à un double objectif : " la recherche d'une qualification en vue d'une insertion durable sur le marché du travail ", d'après Michel Sapin, le ministre du Travail. 100 000 contrats pourraient être signés en 2013. Le projet en prévoyait initialement 300 000.

Dans quel secteur ?

C'est là toute la question. Car si les emplois-jeunes devaient lancer de nouveaux métiers dans le public et l'associatif, comme aide-éducateur dans les écoles, adjoints de sécurité auprès de la police, les emplois d'avenir butent sur un manque flagrant de perspectives. " Où sont les nouveaux gisements d'emplois capables de transformer ces contrats en CDI ", s'interroge Bernard Gomel, chercheur au Centre d'études de l'emploi (CEE). Les pistes s'orientent actuellement vers les métiers verts et l'économie sociale et solidaire. Mais ces deux secteurs tiendront-ils leurs promesses ?
D'ores et déjà, celui de l'environnement suscite un certain sceptique. David Ascher, directeur du site spécialisé emploi-environnement.com, estime que peu de filières devraient être concernées, hormis celle de la gestion des déchets qui recrute des opérateurs de tri ou des caristes. Le secteur des énergies renouvelables, cité par François Hollande, lors de sa campagne, recherche, lui, des candidats titulaires au minimum d'un bac professionnel. Reste donc à explorer les filières de l'agriculture biologique ou encore du commerce équitable... Mais ces dernières n'embauchent qu'au compte-gouttes.
Vincent Peillon et Benoit Hamon sur les rangs

Vincent Peillon, le ministre de l'Education, a bien sa petite idée : il compte, en effet, " réserver " quelque 30 000 contrats au pré-recrutement d'enseignants, avec des tâches d'accompagnement aux devoirs, de surveillance... pour les étudiants. Mais, dans ce cas, le dispositif devra également s'ouvrir à des jeunes qualifiés.

Benoit Hamon, le ministre délégué chargé de l'Economie sociale et solidaire, souhaite, lui, utiliser ce programme " pour doper le secteur ". Au sein de la petite enfance ou de l'aide aux personnes âgées, des postes d'agent service, d'agent de maintenance ou d'entretien font défaut. Par ailleurs, des pénuries de candidats existent également pour les métiers d'employé à domicile, d'aide-soignant, d'éducateurs de jeunes enfants ou encore d'auxiliaire de puériculture. Mais ce type de postes requiert une " obligation de qualification ", prévient Sébastien Darrigand, délégué général de l'Usgeres, la fédération des employeurs du secteur. D'où la nécessité " de bâtir des parcours certifiants ". Et de cibler les " bons " candidats ; le recrutement de jeunes " trop éloignés de l'emploi pouvant comporter des risques ". La fédération patronale demande, en outre, une " montée en charge progressive des coûts liés à cette embauche, dans un objectif de pérennisation de l'activité et de l'emploi ".

2012 n'a rien à voir avec 1997. Cette fois, en effet, pas question de compter sur les collectivités territoriales, les entreprises publiques, l'Education nationale et la Police, gros recruteurs des emplois-jeunes, pour embaucher. Les contrats d'avenir, déjà plombés par l'austérité ?

Quel est le bilan des emplois jeunes
Qualifié de "réussite indéniable", par le commissariat général du plan, en 2001, le programme des emplois-jeunes, a permis, selon les auteurs de ce rapport, " de réaliser en peu de temps ce que les programmes antérieurs " n'avaient pas réussi à faire, à savoir la création nette d'emplois - 310 000 ont vu le jou r- en répondant à une demande sociale réelle. Le programme a été perçu par les jeunes, embauchés pour cinq ans, comme une occasion unique de se stabiliser dans un créneau qu'ils avaient choisi et non comme une orientation de carrière "par défaut". 78% des jeunes sortis du programme estiment, d'ailleurs, avoir acquis des compétences professionnelles, selon une étude de la Dares, publiée en 2003. Même si 10 ans après l'extinction de ce programme, ces jeunes accusent un retard salarial " de l'ordre de 230 euros nets par mois ", par rapport aux jeunes de leur génération, note Bernard Gomel, chercheur au Centre d'études de l'emploi (CEE), qui a participé à l'évaluation. Les secteurs publics et associatifs étant moins rémunérateurs que le privé. En outre, le programme n'est pas épargné par les critiques. Très coûteux, il n'avait pas vocation à devenir permanent. Et le financement initial par l'Etat " n'est pas parvenu à trouver un relais assurant la solvabilisation des activités, tel que le prévoyait le projet ".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire