samedi 8 septembre 2012

La construction de transversalités : actions et savoirs spécifiques


L'enjeu actuel de l'ampleur de la formation et de la construction de l'avenir professionnel de plusieurs millions de personnes amène à se détacher du "résumé par le savoir général". Ainsi B. HILLAU du Centre d'Études et de Recherches sur les Qualifications (CEREQ) pose la question :

"Partir d'emblée des savoirs généraux comme facteurs de transférabilité, c'est favoriser la culture générale au détriment de la culture technique et la culture technique aux détriments des savoirs professionnels. Plus d'arithmétique ne donnera jamais à un plâtrier un tour de main transférable au tour de main du maçon..."(**)

Aussi B. HILLAU en vient à évoquer des "savoirs transversaux" à une série d'opérations différentes exercées dans différents métiers, savoirs transversaux approchés par la notion de "spécialité". Pour le CEREQ, un domaine de spécialité vise à identifier l'ensemble des connaissances mobilisées. Le domaine de spécialité fait référence à trois types de savoirs :
  • des savoirs théoriques et scientifiques 
  • des savoirs techniques et technologiques 
  • des savoirs pratiques (peu formalisés) 

Voici les domaines généraux de spécialités qui seraient utilisés, à suivre le CEREQ, dans l'industrie informatique :
  • Connaissances des propriétés physico-chimiques de la matière; 
  • Connaissances des propriétés de transformation de l'énergie, des lois et des systèmes électriques ou électroniques; 
  • Connaissance des faits psychologiques et sociaux, des moyens et méthodes d'éducation, d'aide et d'intervention dans la vie sociale; 
  • Connaissance des supports d'information et des techniques de communication; 
  • Connaissance des lois, des institutions, du droit des personnes et des moyens de protection publique; 
  • Connaissance des lois de l'économie, des institutions et techniques financières, des techniques comptables et de gestion; 
  • Connaissance de la logique mathématique, du langage informatique et du fonctionnement des ordinateurs; 
  • Connaissances des systèmes et de la réglementation des transports, de la logistique, des réseaux et circuits de distribution et de transmission; 
  • Connaissance des biens, de leur usage, des techniques et des règles de commercialisation. 

Dans la conception du CEREQ, tout est ramené en fin de compte à des types de connaissances. 

 Pourtant, le CEREQ constate que "la diversité des situations professionnelles ne relève pas d'une grande diversité de tâches élémentaires, mais bien plutôt d'une combinatoire, sur la base d'un petit nombre d'activités très redondantes qui se combinent de façon variable d'un emploi à un autre".

Qu'est-ce qu'une "activité très redondante". Reproduisons ici l'exemple du soudage donné par le CEREQ :

"- Fonction exercée : le soudage consiste à positionner dans l'espace deux pièces métalliques et à les fixer l'une à l'autre par fusion. 

Au delà du procédé d'assemblage, il se rattache à une activité générique d'assemblage-montage que l'on retrouve de façon transversale dans de nombreux domaines (travail des métaux, travail du bois, travail des étoffes, etc..). Cette fonction exercée se rattache elle-même à l'ensemble des activités de production d'un bien matériel (par opposition à d'autres activités telles que la conception ou les soins...);

- Domaine de spécialité : au niveau détaillé c'est le procédé (soudure des objets métalliques) qui vient spécifier l'opération d'assemblage. Ce type d'assemblage sollicite des propriétés particulières (plasticité, fusion) d'un matériau particulier (métal). 

La définition d'un domaine "structures métalliques", correspond au type de matériau travaillé, que l'on retrouve dans d'autres items fréquemment associés tels que le formage des tôles. Au niveau détaillé les domaines de spécialités associés au métal seront les suivants : métallurgie (propriétés du métal sollicitées par la transformation dans la masse), mécanique générale ou spécialisée (systèmes mécaniques doués de propriétés de fonctionnement), structures métalliques (systèmes statiques). Au niveau agrégé, le domaine de la mécanique au sens large regroupe les deux derniers domaines".

Dans cet exemple, l'on repère facilement que la compétence consiste dansl'association des propriétés de plasticité et de fusion du métal pour assembler des matériaux ou des systèmes. Ce ne sont pas des connaissances générales qui sont mobilisées mais les connaissances particulières qui, pour chacun des matériaux ou des systèmes, concernent les propriétés de plasticité et de fusion.

Décliner comme le fait le CEREQ les différents domaines de connaissances, revient à préciser le caractère synthétique du processus "assemblage/soudage" de plusieurs spécificités. 

Être compétent en "assemblage/soudage", c'est, pour toutes les natures de métal et les systèmes à assembler/souder, repérer leurs propriétés spécifiques de plasticité et de fusion, puis assembler et souder.

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